Rechercher sa famille victime de la Shoah : mémoire et transmission

Le 27 janvier, l’UNESCO a déclaré la journée de mémoire de l’Holocauste. Ce date est importante pour la mémoire, l’occasion de rechercher sa famille victime de la Shoah. La généalogie permet cela. Cette année 2025, c’est le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Cette date du calendrier m’a semblée importante pour rédiger un article sur le sujet de la mémoire de ce drame de l’histoire.

La recherche de sa famille victime de la Shoah est une démarche profondément humaine, empreinte d’émotion et de respect. C’est une quête qui vise à reconstruire des morceaux de mémoire, à honorer des ancêtres disparus et à transmettre une histoire marquée par la tragédie. En tant qu’historienne familiale, j’ai eu l’occasion d’accompagner des familles dans cette démarche essentielle. L’histoire de Rachel, survivante dont la famille a été brisée par les persécutions nazies, est un exemple éloquent des défis et des découvertes de ce type de recherche.Cette démarche est rendue possible par les archives accessibles en France et par l’œuvre monumentale de Serge Klarsfeld, dont les travaux offrent un cadre inestimable pour ceux qui souhaitent retracer le parcours de leurs proches.


Exemple de document d'archives Shoah
Archives du Mémorial des Déportés de France, outil essentiel pour retracer l’histoire des familles victimes de la Shoah.

L’histoire de Rachel : reconstruire le passé

Rachel, 85 ans, m’a confié une mission délicate : reconstituer l’histoire de sa famille, victimes de la Shoah. Ses souvenirs étaient épars. Elle se rappelait la rafle de son père à Paris, sa propre fuite en zone libre, et sa vie cachée dans un couvent, mais les détails restaient flous. Elle souhaitait savoir ce qu’il était advenu de ses parents et de sa famille élargie, et combler ces silences qui pesaient sur sa mémoire.

À travers le « Mémorial des Déportés de France«  de Serge Klarsfeld, j’ai retrouvé le nom de son père et identifié son internement à Pithiviers. Les archives du camp ont révélé qu’il avait échappé à la déportation grâce à une intervention inespérée d’un ancien militaire. Pour sa mère, les archives départementales ont permis de tracer les adresses de la famille avant la guerre.

Rachel, quant à elle, avait été déplacée à Lyon, puis cachée dans une ferme grâce à des réseaux de résistance. Le point culminant de la recherche fut la découverte d’une cousine, rescapée, dont les descendants vivent aujourd’hui à New York. Ce lien retrouvé a offert à Rachel une chance unique de renouer avec une partie de sa famille et d’honorer leur mémoire. (je vais rédiger très bientôt un article détaillé sur cette recherche)


Le rôle clé de Serge Klarsfeld dans les recherches sur la Shoah

Serge Klarsfeld est une figure majeure dans la préservation de la mémoire des victimes de la Shoah. Son travail, mené avec une rigueur exceptionnelle, a permis d’identifier des dizaines de milliers de personnes déportées depuis la France. Il a ainsi offert aux familles un outil précieux pour retracer les parcours de leurs proches.

Le « Mémorial des Déportés de France »

Cet ouvrage monumental regroupe les noms, âges, professions et informations relatives aux convois de déportation. Grâce à ce document, il est possible de localiser des traces administratives, d’identifier les lieux d’internement et, parfois, les circonstances de la déportation.

Les « Mémorials des Enfants Juifs Déportés »

Ces ouvrages spécifiques rendent hommage aux 11 400 enfants juifs déportés depuis la France. Chaque enfant y est documenté avec des informations comme son lieu de résidence, son âge et des photographies lorsqu’elles étaient disponibles. Ces mémoriaux sont des témoins de la Shoah et offrent une base essentielle pour ceux qui recherchent leur famille.


Ressources pour rechercher sa famille victime de la Shoah

La France est riche en archives qui permettent de retracer les parcours des victimes et des survivants. Voici les principales ressources disponibles :

  1. Le Mémorial de la Shoah
    Ce centre parisien conserve des millions de documents, tels que des listes de déportés, des témoignages, et des registres d’internement. Il offre aussi une base en ligne consultable gratuitement.
    🔗 Accéder au Mémorial de la Shoah
  2. Archives nationales et départementales
    Les registres de recensement et les fiches d’internement de l’UGIF sont essentiels pour comprendre les parcours des familles juives sous l’Occupation.
    🔗 Accéder aux Archives Nationales
  3. Bases internationales
    • Yad Vashem : Cette base regroupe des millions de fiches nominatives, des témoignages et des documents relatifs aux victimes de la Shoah.
      🔗 Explorer Yad Vashem
    • Arolsen Archives : Spécialisée dans les persécutions nazies, cette base fournit des informations sur les internements et les déportations.
      🔗 Découvrir Arolsen Archives
  4. Publications de Serge Klarsfeld
    Les ouvrages de Klarsfeld, disponibles dans de nombreuses bibliothèques, sont des outils incontournables pour ceux qui souhaitent reconstruire l’histoire de leur famille.

Exemple d’histoires retrouvées

Les recherches sur sa famille victime de la Shoah peuvent révéler des récits de résilience. Par exemple, l’histoire de Rébecca Marciano, sauvée d’un train de déportation grâce à l’intervention de résistants, est un exemple frappant. Ce train, en route vers Auschwitz, a été stoppé par un groupe de combattants locaux, permettant à des dizaines de personnes de s’échapper.
🔗 Lire l’histoire de Rébecca Marciano


Pourquoi entreprendre cette démarche ?

Rechercher sa famille victime de la Shoah, c’est entreprendre un travail de mémoire. C’est une façon de redonner vie aux disparus, de préserver leur histoire et de transmettre leur parcours. C’est aussi une démarche personnelle, qui permet souvent de répondre à des questions identitaires profondes et de retisser des liens avec un passé fragmenté.

Grâce aux travaux de Serge Klarsfeld et aux nombreuses ressources accessibles aujourd’hui, cette quête devient possible, malgré la difficulté émotionnelle qu’elle peut représenter. C’est une manière de résister à l’oubli et d’honorer ceux qui ne peuvent plus parler.

À propos de l'auteur de cet article

À propos de l'auteur de cet article

Angélique Dubois Coupry

Je m’appelle Angélique Dubois Coupry et je suis passionnée par le passé. J’effectue des recherches généalogiques approfondies pour retracer la vie de vos ascendants.

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